L'oreille interne - Robert Silverberg




Tout ça pour ça !

L'oreille interne est un grand ratage. 

L'histoire : David Selig, médiocre personnage est télépathe. Mais son pouvoir s'en va, le quitte. Et Selig n'ayant jamais pu faire l'expérience de l'adolescence, doit découvrir la frustration et apprendre, enfin, un peu à mourir.

L'idée du don comme malédiction n'est plus très originale, même si elle devait l'être à l'époque de la rédaction du roman. Qu'importe, car Silverberg n'atteint pas, et de loin, la qualité de traitement de la solitude d'un être comme a pu le faire Ken Grimwood au sujet de l'immortalité dans Replay.
Bien pis, le roman est encombré de tics d'écriture propre aux années 50-70 : adresse au lecteur omniprésente, délires qui n'amènent rien à la progression narrative... La destructuration de la chronologie ne surprend pas mais n'apporte pas grand'chose à l'histoire de cet homme. Frustration sexuelle et médiocrité des affects, tout "sent" une écriture des sentiments qui est affreusement datée, à l'image de ces films des années 70, qui, pour faire moderne, voyaient les acteurs presque crier et se parler les uns sur les autres sans s'écouter.
Au fil de la lecture on se dit même que le personnage n'aurait pas été télépathe que le roman aurait fonctionné identiquement d'immaturité en auto-apitoiement. Rarement personnage aura été si peu servi par son auteur (et son traducteur, catastrophique), geignard et finalement peu intéressant dans son évolution.
En ce sens, Silverberg rate le grand roman que L'oreille interne aurait pu être : celui de l'épopée humaine d'un télépathe. Celui qui aurait pu être un dieu parmi les hommes, ou un sage, mais qui ne fut qu'un idiot.
L'oreille interne aurait pu être le livre définitif sur la télépathie comme le Replay de Grimwood l'est pour l'immortalité, ou le Voyageur imprudent de Barjavel pour le voyage dans le temps ou bien Je suis une légende de Matheson sur la fidélité à la dignité humaine lorsque la barbarie a gagné.

Quel dommage.

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