La nuit du 28 février - Leif G. W. Persson




Non mais c'est quoi ce bouquin ?

En furetant dans une bibliothèque amie, truffée de polars, ce qui n'est pas mon genre de prédilection, je tombe sur un scandinave inconnu.
Je suis embêté par le polar scandinave, car il me laisse froid. Normal c'est le grand nord ;)

Mais encore ? Si je n'ai pas lu Millenium, je me suis énervé sur un Camilla Läckberg (Le Prédicateur pour ne pas le citer) tant l'intrigue est mauvaise, et je me suis profondément ennuyé dans La cité des Jarres d'Analdur Indridason. Pour le première avec des personnages totalement inintéressants et le deuxième avec un inspecteur ectoplasmique et une intrigue dont je ne me rappelle pas le plus petit bout de queue de souvenir, c'est dire. Je passe sur Le meurtrier sans visage d'Henning Mankel totalement oublié ainsi que sur un islandais prêté de chez Babel Noir dont je ne ne rappelle ni le nom ni le titre, c'est dire...
L'enthousiasme pour le meurtre chez ces parangons de civilisation autoproclamés que sont nos voisins nordiques me laisse sans voix et reste un mystère insondable pour moi.
Mais bon, l'homme est faillible et la 4° de couv' aguicheuse. On ne se refait pas, j'ai plongé.

L'histoire : John Kassner, journaliste américain un peu miteux est retrouvé mort au pied d'un immeuble. Suicide, conclut l'inspecteur de garde qui grelotte dans sa voiture et ne rêve que d'aller s'en jeter un derrière la cravate. Pourtant, celui qui a manqué de se prendre le corps sur le coin du nez l'atteste : l'homme est tombé, puis, quelques secondes plus tard, sa botte (tuant en même temps le clebs du témoin). Et ça, ça titille Lars Martin Johansson, policier qui ne devrait même pas être concerné par l'affaire, mais dont le nom se retrouve dans les affaires du "suicidé".

J'ai passé mon temps à changer d'avis sur ce livre.
L'histoire se déroule et multiplie les points de vue ce qui en rend la lecture attrayante. L'auteur passe d'un personnage à l'autre avec une technique assez intéressante : on est au cœur des ruminations et pensées intérieures (pas très glorieuses, on y reviendra) d'un personnage, il pense à un autre personnage, et hop ! la focalisation bascule et on est dans l'esprit du deuxième personnage et ainsi de suite. La progression narrative est plutôt intéressante de ce point de vue là. Et comme pour L'incroyable histoire de Wheeler Burden, des faits anodins décrits à un moment de la narration sont revisités 50 ou 150 pages plus loin selon un tout autre angle. Le lecteur est alors obligé de revisiter ce qu'il croit savoir. C'est plutôt bien fichu pour cette raison.

Et c'est tout.

Mais sinon, qu'est-ce qui a pris à l'auteur d'inventer des personnages pareils ? Jamais je n'ai vu une telle collection d'abrutis réunis en un même ouvrage. On y croise d'incroyables incompétents affublés d'une médiocrité intellectuelle abyssale, d'autres sont stupides à manger du foin, enfermés dans un esprit de clocher misérable. Tous ont atteint un degré d'alcoolisme qui renvoie nos buveurs d'anisette dominicaux au rang de petits joueurs.
Moi, ce que j'aimerais savoir savoir, c'est si l'auteur s'est rendu compte de ce qu'il écrivait. Parce que si c'est le cas, il faut lui offrir l'asile politique aux côtés de Snowden.
Si j'étais suédois, j'aurais honte du portrait que fait Persson de la police de mon pays (non pas que je sois particulièrement fier de la mienne). Je dis ça je dis rien, hein.
Ce qui fait qu'il est difficile de s'attacher à un seul des personnages, d'éprouver de l'empathie, voire de les comprendre, et c'est là où cela pêche le plus, parce que les personnages semblent, en plus, manquer de cohérence envers eux-mêmes, comme si le livre avait été écrit à plusieurs mains sans relecture commune. Même les vingts dernières pages, qui relient le fil narratif principal à l'assassinat d'Olof Palme (sans qu'il soit jamais nommé) et qui livrent le fin mot de l'histoire, sont bâclées et expédiées avec le même j'menfoutisme qui encombre tous les personnages, comme si Personn était rattrapé par sa "suédité".

Bref on ne m'y reprendra plus, comme dirait Roger Murtaugh "Je suis trop vieux pour ces conneries là". Il y a trop de bons bouquins qui m'attendent.

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