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Affichage des articles du 2013

La bibliothèque des idées d'aujourd'hui - Sciences humaines (n°255)

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On ne dira jamais assez de bien de la revue Sciences Humaines . La bibliothèque des idées d'aujourd'hui est ici l'occasion d'un exercice d'admiration : dans ce numéro pas d'article de fonds où l'intelligence du propos, la finesse de l'analyse se le disputent à une grande accessibilité et à l'absence de cuistrerie, non, il s'agit ici de mettre en valeur 200 livres importants en une page, d'en faire un résumé qui sache rendre compte sans épuiser le propos. Un résumé qui sait dire la portée d'un texte dans son temps et sa discipline, le relier aux débats du monde, en pointer les limites avec honnêteté et sans perfidie. On n'y trouvera ni bons mots, ni raccourcis spirituels qui ne raccourcissent que la pensée, et pourtant quelle intelligence ! Sciences Humaines est la revue de l'honnête homme où le souci d'expliquer se conjugue avec le refus des écoles et des a priori . Et si, sur ce blog j'arrivais à rédiger de

La face cachée de la lune (Thierry Balasse - La compagnie Inouie - Pink Floyd)

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  C'était hier. C'était à Saint-Nazaire. L'écho d'un temps que je n'ai pas connu. Celui d'un disque né avec moi et écouté en boucle 15 ans plus tard. C'est vieux et c'est nouveau. C'est rock et électro. Expérimental et mainstream. Vous n'y verrez pas Pink Floyd ni un tribute band . La compagnie Inouie revisite et recrée littéralement sur scène sa face cachée de la lune. Moment rare. Magique. Courez-y !

La nuit sexuelle - Pascal Quignard

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Quand on sonde le fond de son cœur dans le silence de la nuit on a honte de l'indigence des images que nous nous sommes formées sur la joie. Je n'étais pas là la nuit où j'ai été conçu. Une image manque dans l'âme. On appelle cette image qui manque « l'origine ». Nous cherchons cette image inexistante derrière tout ce qu'on voit. Je cherche à faire un pas de plus vers la source de l'effroi que les hommes ressentent quand ils songent à ce qu'ils furent avant que leur corps projette une ombre dans ce monde.  Si derrière la fascination, il y a l'image qui manque, derrière l'image qui manque, il y a encore quelque chose : la nuit. Il y a trois nuits. Avant la naissance ce fut la nuit. C'est la nuit utérine. Une fois nés, au terme de chaque jour, c'est la nuit terrestre. Nous tombons de sommeil au sein d'elle. Comme le trou de la fascination absorbe, l'obscurité astrale engloutit et nous rêvons en elle. Et si

Olivia Ruiz en concert

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© Nicolas Patault (avec son aimable autorisation) Son site Pour être honnête, je pensais ne jamais écrire un post avec un titre contenant le nom d'Olivia Ruiz. Vous commencez à connaitre mes goûts musicaux et, à part un joli minois, je ne créditais Olivia que de mon indifférence polie. Mais ce post est d'abord là pour dire tout le bien que je pense de l’extraordinaire qualité de la programmation culturelle du Champilambart . Tellement courue que la majorité des places se vendent en quelques jours en juin pour l'année suivante... Bref il faut choisir sur papier et bien longtemps à l'avance... Et de se retrouver pour un spectacle un jour de semaine, en novembre, fatigué, surtout pour accompagner ma moitié... Oubliez La femme chocolat et les antiennes rebattues par les médias suivistes, Olivia Ruiz c'est tout sauf de la variétoche comme je le croyais bêtement. Olivia Ruiz, c'est rock, c'est lourd et ça crache. C'est six mecs sur scène qui assure

Enjoy for eternal bliss (2) - Yndi Halda

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Quatrième piste du rarissime Yndi Halda Illuminate my Heart, my Darling, là encore traduit la postérité du post-rock d'un Mike Oldfied, alternant contemplation mélancolique et envolées orgasmiques. La judicieuse batterie qui n'a pas peur d'un rythme militaire, renforce violons électriques et guitares, entre saturation et extase. J'en avais déjà parlé là . Enjoy, again  

La Brigade chimérique - Serge Lehman, Fabrice Colin, Gess, Céline Bessoneau

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  L'histoire : mars 1939. Le docteur Mabuse et son armée de crânes ont créé une ville en quelques mois en plein cœur des alpes autrichiennes ; Frédéric et Irène Joliot-Curie, perpétuant le travail de Marie Curie à l'Institut du Radium sont en butte à l'accusation de communisme et de collusion avec "Nous autres" l'entité collective qui a pris le pouvoir à l'est ; le Nyctalope, protecteur de Paris s'oppose aux Curie tandis que Georges Spad, jeune et mystérieuse écrivaine est habitée de voix et rencontre Jean de Séverac ancien médecin des tranchées qui sort de 16 ans de coma passé à l'Institut du Radium... La Brigade chimérique n'est pas une lecture facile. Agacé par un plan média un peu trop bien huilé à l'époque et le tam-tam d'une blogosphère souvent sensible et complaisante à l'entre-soi du petit milieu de la SF, ma première lecture de La Brigade chimérique fut une rencontre ratée. Je n'y ai vu alors que les déf

Blog en rade...

blog en panne ? Oui, un peu. La flemme, le temps qu'il faut pour rédiger une chronique qui essaie de tenir un peu la route, et puis, est-ce que j'écris pour moi ou pour être lu ? Le peu de retours trouble l'écriture et sa constance. Pas envie de me forcer et pas envie de laisser tomber. Des chroniques inachevées qui ne s'écrivent pas. Et pourtant de bons livres, de belles addictions, des films intéressants, ce n'est même pas la matière qui manque, c'est juste le temps et l’énergie qui flanchent face au clavier. Le dire c'est pourtant y revenir ?

Le décalage (Julius Corentin Acquefacques, tome 6) - Marc Antoine Mathieu

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Marc-Antoine Mathieu a encore frappé ! Cela faisait plusieurs années que j'attendais la suite des aventures de Julius Corentin Acquefaques, après le fascinant 2,33333e dimension . Petit rappel pour ceux qui ne connaissent pas encore JCA : Julius, est un personnage-valise dans un monde en constant risque de déraillement. A l'intersection du rêve et de la réalité, JCA explore le monde et ses limites. Par des dispositifs éditoriaux délirants JCA pousse les conventions de l'objet livre, les limites de la lecture dans leurs ultimes retranchements. Ici le temps est soumis à rude épreuve. Alors que chaque aventure commence par une chute de lit, ici JCA oublie de se réveiller et l'aventure commence sans lui, avec plusieurs pages de retard. Les personnages secondaires sont alors bien embêtés : que faire, sans Julius ? Et pourquoi ne l'entendent-ils pas alors qu'il hante et commente les pages qui s’égrènent, jusqu'à rencontrer la couverture... La bande

Un léger bruit dans le moteur - Munoz, Luciani et Gaët's

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L'histoire : je suis un petit garçon et je tue des gens. Par un résumé aussi lapidaire, on comprend qu' Un léger bruit dans le moteur reprend la thématique de l'enfant comme figure du mal. Si "le jeune" est une récurrente figure de l'inquiétude depuis l’Égypte ancienne et tout au long de l'histoire jusqu'à son ultime avatar (le "jeune de banlieue"), il n'est que rarement l'incarnation du Mal à proprement parler. On trouve certaines exceptions dans plusieurs films d'horreurs/fantastique des années 70 ( Le village des damnés, L'exorciste, La malédiction... ) en y téléscopant le topos de l'ennemi intérieur (promis à une jolie postérité là ). À chaque fois, l'enfant maléfique incarne une rupture dans l’ordre du monde (du point de vue moral et/ou spirituel en fonction des orientations de l'auteur), une anomalie à combattre, guérir ou sauver. Ici rien de tout cela. Dans un hameau abandonné, qui n'est pas

Mediterranean Sundance (Friday Night in San Francisco) - Paco de Lucia, Al di Meola, John Mc Laughlin

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La seule période de ma vie où je n'ai pas lu remonte à 1995. J'étais sous les drapeaux, parmi les derniers. Bloqué, impossible de lire, rien. J'ai écouté de la musique, comme dans une bulle. Avec un baladeur à cassette . Cela semble la préhistoire. Est passé en boucle le sublime Friday Night in San Francisco du trio Paco de Lucia, Al di Meola, John Mc Laughlin. Le premier morceau Mediterranean Sundance , est un pur joyau de virtuosité jamais gratuite. Le dialogue entre les deux guitaristes est stupéfiant. Écoutez l'exaltation du public vers 10:40 après un pic ahurissant de perfection sonore. D'abord la version disque, la plus belle à mon sens. Puis une version filmée (son et image assez mauvais, mais regardez les mains !), avec quelques légères variations par rapport à la précédente. Je n'ai tenu dans ce monde de brutes que grâce à cette musique qui permet d'avoir encore foi en l'homme. À écouter et réécouter les jours de

Petite Poucette - Michel Serres

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Petite Poucette, c'est la jeune fille qui vient d'avoir une vingtaine d'années. Derrière cette expression, Michel Serres crée un nouveau personnage conceptuel. Non pas un être réel, mais un individu représentatif d'une génération et, selon Michel Serres, le premier d'un nouveau type d'humain. "Petite Poucette", parce que son outil c'est le pouce, celui qui envoie des SMS. Petite Poucette, la geek, symbolise le nouveau type d'humain qui se fait jour devant nous, celui de la troisième révolution épistémologique humaine. Il y eut l'invention de l'écrit, puis le passage de cet écrit, manuscrit, à l'imprimé et nous observons, maintenant, le passage de l'imprimé à celui du numérique. D'un œil bienveillant et du haut de ses 80 ans Michel Serres reste admiratif d'une génération radicalement différente de celles qui la précède. Une génération naturellement à l'aise avec les nouvelles technologies mais toujours bai

Des gens très bien - Alexandre Jardin

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L'histoire : jean Jardin, grand-père de l'auteur était directeur de cabinet de Pierre Laval. Son grand-père est directeur de cabinet de Laval en 1943. (relire et répéter silencieusement la phrase qui précède, pour bien ressentir son pouvoir destructeur). A près de 50 ans, Alexandre Jardin ne veut plus, ne peut plus écrire de roman, étouffé en quelque sorte par la tradition familiale de narration fabuleuse. Dans son roman "la guerre a neuf ans", son père, Pascal Jardin décrit, une guerre de pacotille à hauteur de son âge. "Le nain jaune" qui suivra est une véritable opération de blanchiment de son propre père, et entérine la version d'un haut fonctionnaire qui a fait ce qu'il a pu, qui a sauvé les meubles, jamais inquiété après-guerre. Interpellé dès son adolescence par son ami Zak, son presque double, la graine du soupçon ne cessera de tarauder Alexandre Jardin jusqu'au trop plein, jusqu'à l'impossibilité d'aller plus loin, d&

Portishead

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Est-il besoin de présenter encore Portishead ? En trois albums le trio a créé une patte inimitable de spleen et de mélodie. Alors oui, cela a vingt ans pour le premier. Et alors ? Quand c'est bon, on ne compte pas. Je les écoute quotidiennement dès mon arrivée lorsque je suis seul au bureau. C'est la seule musique avec laquelle je peux travailler en même temps... Un peu de douceur dans un monde de brutes, à partager ici. La radio Deezer de Portishead. Ma playlist avec un extrait ci dessous.

Garôden - Jirô Taniguchi et Baku Yumemakura

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J'ai déjà dit ici tout le bien que je pensais de Jirô Taniguchi. Quartier lointain est un pur chef d’œuvre, Le journal de mon père mérite également cette appellation et je viens de terminer Le sommet des dieux dont je vous parlerai bientôt. Seul L'homme qui marche m'a paru sans intérêt. L'histoire : Bunshichi Tanba est un dôjô-yaburi, un combattant solitaire qui défie les écoles de lutte, les unes après les autres, hors de toute manifestation officielle. Hanté par un combat perdu et inachevé, il n'a de cesse de retrouver et de défier une nouvelle fois Kajiwara alors inconnu et depuis devenu une star de la lutte... Bon... comment dire ? Voici un manga parfaitement dispensable, inintéressant au possible à mon sens. J'ai attendu la première dernière page (je ne me ferai définitivement pas au sens de lecture inversé) pour espérer y trouver un quelconque intérêt, mais non, rien. Les combats se succèdent, entre provocations de rues et manigances de la