L'incroyable histoire de Wheeler Burden - Selden Edwards




Deuxième ouvrage prêté par C, après Les âmes vagabondes de Stephenie Meyer.
Autant je n'avais pas aimé le salmigondis cuculapralinesque de la mormone toquée de vampires, autant je me suis régalé des tribulations de cet américain au destin tout sauf moyen.

Le texte que nous tenons entre les mains est rédigé par la mère dudit Wheeler et a pour but de raconter sa destinée pour le moins étrange.
Il faut accepter le ton du début (la môman qui raconte à quel point son fiston est fooormidable),
il participe pleinement de l'équilibre de l'histoire, même s'il peut paraître un peu agaçant de prime abord.


L'histoire : Né dans les soubresauts de la deuxième guerre mondiale d'une mère anglaise pacifiste et d'un père mort sous la torture gestapiste alors qu'il n'a que trois ans, le jeune Burden grandit et devient la coqueluche de chaque endroit où il apparaît. Des inévitables parties de baseball au cœur de la sociabilisation scolaire américaine, aux années soixante où il devient une rock-star, il finit sa vit en ermite studieux qui rassemble les notes du fabuleux professeur viennois qui enchanta les générations qui se succédèrent à l'école de son enfance.

Si ce n'était que ça, pas de quoi fouetter un chat.

Mais ce n'est que la face émergée de l'iceberg. Car s'inscrivant dns la filiation d'un Richard Matheson où d'un Jack Finney, sans explication aucune, Wheeler est projeté, dès les premières pages du récit, dans la Vienne des années 1890. Retour dans le temps inexpliqué, Wheeler s'y trouve assez bien, maîtrisant la langue et la culture grâce à l'enseignement passionné de son mentor. Volant quelques vêtements (et poursuivi par l'ire de sa victime), Wheeler va se lier d'amitié avec la Jeune Vienne, groupe informel de jeunes intellectuels qui discutent ad nauseam sur la fin de la civilisation (ce en quoi, en cette année 1898, ils n'ont pas complètement tord). Il tombe fou amoureux d'une jeune américaine en séjour européen, rencontre Mark Twain de passage, Malher hante la cité autrichienne et Wheeler pousse la porte d'un médecin qui intrigue et choque la bonne société : Sigmund Freud. Celui-ci l'écoutera raconter son histoire abracadabrantesque de voyage dans le temps avec circonspection. Il sera en revanche beaucoup plus intrigué lorsque son visiteur lui raconte les théories que le médecin ne fait alors qu'ébaucher dans le secret de sa réflexion.
Mais pour Wheeler, la plus grande des surprises est de découvrir qu'il n'est peut-être pas le seul à avoir voyagé dans le temps...

Ce roman est une excellente surprise en ce qu'il gère l'information qu'il délivre à son lecteur d'une manière particulièrement ingénieuse : les deux fils narratifs s'entrecroisent narrant pour l'un la jeunesse et la vie du héros d'un point de vue linéaire au XXe siècle, et pour l'autre, les épisodes viennois sont alors l'occasion pour le héros, pour de multiples raisons et de multiples manières (en dire plus serait spoiler) de revisiter ce que l'on sait ou croit savoir.
La métaphore qui m'est venue pour décrire la structure narrative de l'oeuvre est celle d'une marguerite : chaque pétale est un moment de l'histoire mais d'autres pétales, à côté, et par dessus, vont reprendre les épisodes déjà racontés mais d'un autre point de vue et surtout avec des apports d'informations qui font reconsidérer régulièrement
ce que l'on croit savoir.


Mais surtout, l'oeuvre est d'une grande clarté et réussit le tour de force de nous emmener dans l'intimité des êtres, au plus profond des traumatismes, des joies et des aspirations qui les font vivre. Le dispositif du retour dans le temps, autrement plus intéressant que dans Le voyage de Simon Morley, offre au lecteur la possibilité d'entrer au cœur dans la relation entre les personnages, entre des contemporains mais aussi entre les générations.
Les secrets de famille s'en trouveront bouleversés et ne seront pas ceux que l'on croit.


Si L'incroyable histoire de Wheeler Burden n'est pas un chef d'oeuvre (je suis bien en peine de dire pourquoi, au vu des lignes qui précèdent, il manque juste un petit truc), il s'agit d'un roman surprenant, enthousiasmant et addictif. Sensible et bien pensé, une fois entamé on ne peut rien faire d'autre que d'aller, à regret, jusque la dernière phrase.

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Le jeune homme la mort et le temps pour l'histoire d'amour et l'évocation d'un temps à jamais passé








Le voyage de Simon Morley, de Jack Finney, même si je trouve Wheeler Burden plus réussi.

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