Les Orpailleurs - Thierry Jonquet




La télévision fait des ravages.

Depuis 15 ans, la juge Nadia Lintz et le commissaire Rovère ont les traits d'Anne Richard et de Jean-François Balmer. J'ai du en regarder deux épisodes de Boulevard du Palais tout au plus et pas depuis 2002 au bas mot.
Et bien durant toute la lecture des Orpailleurs, je n'ai pu imaginer Lintz et Rovère que sous les traits de ces acteurs.
Ces personnages apparaissent pour la première fois dans ce roman, et reviendront dans une suite, Moloch.

J'ai déjà dit comment je suis arrivé à ce premier Jonquet. Mais si vous cliquez sur le lien vous comprendrez l'élément principal du ressort de l'intrigue et vous risquez de vous priver du plaisir de la découverte...

Jonquet est partout crédité d'adjectifs flatteurs et d'une réputation de révolutionnaire du genre policier.
N'étant pas un spécialiste du polar, il m'est difficile de pouvoir mesurer une telle appréciation. J'ai trouvé la narration assez classique, un peu trop à mon goût, mais agréable à suivre.
Ce qui m'a le plus intéressé finalement, presque plus que la résolution de l'enquête elle-même, c'est la sensation de non-cohérence qui imprègne le quotidien d'une enquête. Les meurtres s'enchainent dans Paris et s'accumulent sur le bureau des juges, qui en sont à faire les auditions d'une affaire précédente pendant que les inspecteurs travaillent sur une autre.
Il y a non pas un sentiment d'urgence, mais de bazar, de feuilles qui cachent la forêt. Les détails s'accumulent, certains importants, d'autres pas. Les affaires sont connectées entre certaines, d'autres pas. Les rencontres impromptues, les personnages un peu médiocres, mais pas forcément des salauds ni des êtres lumineux non plus. La vie intime des policiers et des magistrats interfèrent sans que cela fasse forcément sens.
Un art des coïncidences, des synchronicités, s'installe comme seule la vie, la vraie, semble savoir l'orchestrer. Ici pas de téléologie, mais les hasards de l'existence avec son côté brouillon et indiscernable. Certains meurtres sont des affaires d'opportunité, de circonstances que la narration rend nécessaires. Des chemins se tissent entre les mots, l'air de rien. La mécanique narrative est particulièrement fine en ce qu'elle s'efface derrière son propos. Elle semble retirer toute intentionnalité explicite pour composer, à la fin, un tableau impressionniste.


C'est là tout l'art de l'écrivain.


Pour allez plus loin

Si vous avez aimé Les Orpailleurs, vous aimerez peut-être :

 
Le deuxième tome des aventures de Lintz et Rovère, Moloch. Pas encore lu.












L'adaptation télé avec Anne Richard et Jean-François Balmer, Boulevard du Palais







Pour approfondir le phénomène qui est au cœur de l'intrigue, des pages éclairantes ici.

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